Balbuzard hivernant

Bonjour,
A propos de rapaces, juste un mot pour signaler un balbuzard pêcheur... en pêche ce matin en rivière de Noyalo/réserve naturelle des marais de Séné.
C'est le troisième hiver consécutif qu'un balbu hiverne au fond du Golfe du Morbihan.
Une tendance à l'hivernage en Bretagne qui n'a plus rien d'un accident et qui représente un changement de statut notable pour cette espèce, conséquence vraisemblable, entre autres, du changement climatique.
Naturellement.

Jean DAVID

Bonjour,
Comment peut-on être sûre que ce soit la conséquence du changement climatique et non dû à un changement du milieu (ressource en poisson), ou d'une augmentation de la pop liée à la protection des rapaces et/ou au travail de certains gestionnaires sur la préservation de milieu et d'espèces dites"parapluies". Je n'ai pas d'exemple et ne connais pas les marais de Séné, mais je ne sais pas bien faire ces différences.
Merci,

J'ai mal lu votre message, du coup quelle part de ce changement de statut peut-on donner au changement climatique et autres causes éventuelles? Peut-on savoir s'il y a des raisons principales...?
Merci,

Bonjour Claire,
Merci d'avoir relu mon message avec attention ...
- Quand on s'intéresse aux oiseaux, comme pour toute question d'environnement, les phénomènes et évolutions observés sont presque toujours complexes et multifactoriels. Contrairement à des conditions expérimentales contrôlées où l'on ne fait varier qu'un seul facteur à la fois pour en étudier et mesurer les conséquences, dans l'environnement il y a généralement plusieurs facteurs du milieu qui varient en même temps et il n'est donc pas toujours facile de faire la part de chacun des facteurs dans les évolutions observées (changement d'aire, changement démographique, changement de comportement). Sans compter que l'on oublie parfois que l'écologie d'une espèce peut aussi changer sans qu'il y ait eu modification de l'environnement, l'évolution des espèces n'est pas obligatoirement déclenchée par des modifications de l'environnement !
- Certains diront que dans ces conditions, les écologistes ne savent pas grand choses, sont condamnés à ne dire que des bêtises et que ce n'est pas une science très sérieuse... (évidemment pour certains çà les arrange bien de se débarrasser de l'écologie ainsi...) Personnellement je trouve que cette complexité est une motivation supplémentaire, çà ne serait pas aussi intéressant si c'était trop facile !
- Revenons à notre balbuzard pêcheur, quand j'ai commencé l'ornitho, en France l'espèce n'était hivernante régulière qu'en Corse, et sur la côte atlantique il fallait descendre jusqu'à Lisbonne pour en trouver l'hiver. On peut effectivement imaginer toutes sortes de causes à un tel changement de comportement. Je n'ai aucun indice laissant supposer une plus grande abondance du poisson sur le littoral, au contraire les observations convergent plutôt vers une dégradation de la ressource. Même si localement les mesures de protections des milieux peuvent enrayer cette dégradation, ce n'est de toute manière pas une amélioration. Par ailleurs, je constate que d'autres espèces migratrices montrent la même tendance à réduire leurs migrations. Ainsi certaines espèces hivernaient exclusivement au sud de la France, ce qui n'est plus le cas : cigogne blanche, spatule blanche, grue cendrée etc. . De même plusieurs espèces migratrices pour lesquelles la France est la limite méridionale d'hivernage sont en diminution continue (fuligule milouinan, garrot à œil d'or, corneille mantelée, macreuse brune...). Je constate également que plusieurs espèces sédentaires qui étaient autrefois limitées au domaine méditerranéen se sont installées durablement dans l'ouest : bouscarle de cetti, cisticole des joncs, héron gardeboeuf... Je ne vois pas d'exemple du phénomène inverse (bizarre, il doit bien y avoir une exception !). Voilà pourquoi je trouve que l'hivernage du balbuzard en Bretagne s'inscrit bien dans cette dynamique sous influence du réchauffement climatique.
Mais il reste d'autres facteurs, qui pour le balbu, peuvent vraisemblablement avoir une influence : l'augmentation de la population de l'espèce peut la pousser à chercher de nouveaux espaces, un meilleur respect des espèces protégées par les chasseurs a nettement augmenté leur chance de survie lors d'un séjour prolongé en France (jusque dans les années 70, tous les gros oiseaux : rapaces, cigognes, grues, cygnes, hérons... se faisaient allègrement canarder partout en France).
Naturellement.

Jean

Bonjour,
"Merci d'avoir relu mon message avec attention ... " de Jean David -> c'est plutôt à moi de m'excuser...