Nous avons trouvé samedi avec Pierre-Yves et Kristell deux populations du criquet des mouillères à Guiscriff et Lanvenegen. Cette espèce est à rechercher dans le Centre-Ouest Bretagne et dans le Nord-Est de l'Ille et Vilaine, ailleurs ce serait plus étonnant ! Son milieu de prédilection : les prairies humides, tourbières voir mégaphorbiaies. Son chant est proche de celui de parallelus, mais en plus lent et plus soutenu. Voici une femelle : remarquez les valves qui ressortent largement au bout de l'abdomen. Les ailes sont également plus longues. Il est encore temps de le rechercher ! Michel
Dernière édition par JAC le Ven 5 Jan 2024 - 10:03, édité 2 fois (Raison : Titre)
P.Y. Pasco Orthoptères et Gastéropodes
Date d'inscription : 30/03/2010 Localisation : Carhaix-Plouguer
Nous avons effectivement trouvé deux stations de criquet palustre (Chorthippus montanus) (et pas le criquet des mouillères Euchorthippus declivus ).
Première station - Guiscriff (56) - VU52
Criquet palustre (Chorthippus montanus) - très difficille à distinguer du criquet des patures (Chorthippus parallelus) sur photo.
2nde station, toujours à Guiscriff (56) mais en VU51
Ci-dessous un gros plan sur les valves de l'oviscapte d'une femelle de criquet palustre (Ch. montanus), plus longues et large que celles du criquet des pâtures :
A+
Pierre-Yves Ps: Michel, c'est Kristen qui nous accompagnait ! C'est un peu comme Ghislain et Guislain !
Mikaël L
Date d'inscription : 21/05/2011 Age : 39 Localisation : Rennes sud
Belles obs ! En voyant la tronche de la première station, je me demande bien ce qui vous à fait vous arrêter ici! L'instinct du naturaliste sans doute .
Je pensais à C.montanus en visitant une carrière près de Paimpont(35), vu qu'il y avait quelques zones tourbeuses et je suis tomber sur un criquet que j'ai trouver très resemblant. Complètement seul sur un éboulis non loins d'une prairie humide et très bon dans les airs, il m'a intrigué. Après étude des critères, je suis à peu près sûr que c'est un mâle C.parallelus macroptère (d'où le fait qu'il volait très bien?). En voyant la photo du mâle sur ce post, je me dis que les différences sont tout de même bien minces effectivement.
Voici l'individu en question: Est-ce que le critère de distance entre l'apex du tegmen et le stigma est valable avec un ind.macroptère? C'est bien le stigma que j'ai indiqué, je suis pas trop sur. Et ce sont bien les ailes que l'on voit dépasser les tegmens?
Mika
P.Y. Pasco Orthoptères et Gastéropodes
Date d'inscription : 30/03/2010 Localisation : Carhaix-Plouguer
Est-ce que le critère de distance entre l'apex du tegmen et le stigma est valable avec un ind.macroptère? C'est bien le stigma que j'ai indiqué, je suis pas trop sur. Et ce sont bien les ailes que l'on voit dépasser les tegmens? Mika
Je ne pense pas que ce critère "fonctionne" chez un mâle macroptère... mais je suis pas sur! Oui, c'est bien le stigma qui doit être par là, mais il se voit mieux à contre-jour.
En cherchant dans ma doc, j'ai trouvé quelques critères à tester : d'après O. Bardet, 2003 - Clé de détermination des Orthoptères de Bourgogne - in "Orthoptères de Bourgogne. Cahier spécial du bull. trimestriel de la Société d'Histoire naturelle d'Autun" - Supp. au n°182. Ch. parallelus : - sillon principal transverse du pronotum situé après le milieu de celui-ci - cerques courts (mâle)
Ch. montanus : - sillon principal transverse du pronotum situé au milieu de celui-ci - cerques longs (mâle)
Sur la photo de la femelle de Michel, cela donne cela pour le pronotum :
Je ne peux pas tester ce critère, je n'ai pas sous la main de photo vu de haut de Ch. parallelus...
Sinon Defaut, 1999 - La détermination des orthoptères de France signale pour les mâles la longueur du tegmen : - Ch parallelus : 10-10,5mm - Ch parallelus macroptère : 15mm - Ch montanus : 9 - 11,8mm
et un autre critère : le nombre de dents stridulatoires sur le fémur postérieur du mâle (toujours selon Defaut, 1999) : - Ch parallelus : 92 à 105 dents (exceptionnellement 90 à 130) - Ch montanus : 102 à 175 dents
A+
Pierre-Yves
JYLP
Date d'inscription : 21/08/2012 Localisation : Morbihan.
Merci Pierre-Yves pour ces infos riches en précisions !
Alors pour les cerques, j'ai comparé ceux de mon mâle avec d'autres photos de C.parallelus, et je ne vois pas de différence de taille. Si vous avez des photos de C.montanus mâles où on voit les cerques longs, ça m'intéresse!
Ensuite pour ce qui est du critère du sillon, j'ai vérifié et trouve cela:
J'ai l'impression que le sillon n'est pas au milieu du pronotum (partie antérieure plus courte) mais ce n'est pas évident à voir immédiatement. Par ailleurs, j'ai une photo de fem macroptère C.parallelus ou le sillon est pile au milieu... Donc un critère qui serait assez aléatoire?
Quand au nombre de dents stridulatoires, ha ouais pas mal aussi celui-là ! C'est quand même vachement compliqué comme espèce, heureusement que les femelles se distinguent plus facilement. Pour identifier les mâles, j'ai l'impression que le mieux c'est d'avoir un accouplement non?
JYLP, regarde les valves de l'oviscapte de ton individu et compare avec la photo de femelle de Michel, la différence est bien visible .
Tu as raison Mikaël. Pour cette espèce, je recherche deux choses seulement : Une femelle (impossible de se tromper ) et le chant (qui avec de l'exercice doit titiller une oreille un peu exercée ; je l'ai bien en tête depuis samedi !)
Celui là je commence à l’avoir dans le pif A Magoar, dans la lande humide, j’ai l’impression que C. montanus est dominé par C. parallelus. Alors que la parcelle juste à côté, où les Highlands pâturent, je ne trouve que montanus… Ce n’est pourtant pas plus humide. Bien au contraire !
Comme critère le chant c’est top (quand il y a les deux c’est évident), ainsi que les appendices de la femelle.
Gros appendices et ailes allongées chez la femelle.
Chez le mâle plus compliqué...
J’ai trouvé une population le 29 Août sur une tourbière à Trémargat. Ca chantait alors qu’il faisait très gris. Est-ce que la taille des ailes peut varier chez les individus macroptères (notamment parallelus) ? Des ailes mi-longues des trucs comme ça. Parcequ’il y a la taille des ailes comme critère pr les mâles aussi.
T'as raison Ghislain, quand il y a les deux espèces, la différence pour le chant est assez évidente. Il faut les deux bien sûr, mais je pense que c'est souvent le cas !
yannickH
Date d'inscription : 02/03/2014 Age : 39 Localisation : St Avé
Je ne sais pas si cette station est connue, mais en tout cas, par rapport à la carte qui figure ici, on fait un grand bond vers la Bretagne sud. A St Avé (Morbihan), au lieu dit Le Lanquo, hier j'observais des Criquets ensanglantés et je me suis rendu compte qu'il y a une petite population de criquets palustres (Chortippus montanus). Ils vivent notamment en compagnie de Chorthippus parallelus, Chorthippus albomarginatus, Chorthippus biguttulus, Omocestus rufipes, Euchorthippus declivus et donc Stethophyma grossum. L'environnement est une petite parcelle humide, qui suit quatre petits étangs alimentés par le ruisseau de Park Carré. Je n'ai pas trouvé de femelles, mais vu le nombre de mâles, il doit bien y en avoir. D'ailleurs le mâle sur la photo et la vidéo ci-jointes, a du se retrouver dans la même situation que moi, parce qu'il essayait de draguer une femelle Chorthippus parallelus...
Dernière édition par yannickH le Ven 2 Sep 2016 - 22:28, édité 1 fois
J'ai rajouté aussi le carré de Gourin (à Tréogan) la semaine dernière. En compagnie de C parallelus, C.albomarginatus, C.dorsalis, S.grossum et M.roselii.
Je ne vois pas où c'est St Avé ??
Michel
yannickH
Date d'inscription : 02/03/2014 Age : 39 Localisation : St Avé
Bonjour, je profite de ce post pour faire part d'une donnée que j'ai faite l'année dernière et que je n'ai toujours pas transmise, il s'agit d'un individu de chortippus montanus mâle (prélevé pour une identification certaine) au lieu dit Prat ar Hastel sur la commune de Tréguennec (29) en UU90, il s'agit non seulement d'une nouvelle maille pour l'espèce mais le biotope est assez particulier puisqu'il s'agit d'une zone humide arrière dunaire, on retrouve également sur le site aiolopus thalassinus et paracinema tricolor, or il me semblait que c.montanus recherchait surtout les milieux un minimum tourbeux, donc peur-être l'espèce est-elle présente sur d'autres sites similaires, par exemple du côté de Trégunc ou sur le littoral du Morbihan et qu'elle y passe inaperçue du fait de sa grande ressemblance avec parallelus (qui lui-même était très présent sur le site).
Très surprenantes ces données excentrées. C.montanus, comme son nom l'indique, recherche des biotopes humides certes, mais surtout dans des contrées élevées, fraîches et plutôt arrosées. Comme le Centre Ouest Bretagne et le nord est de l'Ille et Vilaine en gros. Je pense qu'il faudrait prélever des individus et les soumettre à Pierre-Yves. Pour ma part, je ne valide la présence de l'espèce que par les femelles, pour les mâles, je trouve ça trop aléatoire.
Michel
thibault29
Date d'inscription : 26/01/2013 Age : 25 Localisation : audierne
Bonjour, pour le mâle que j'ai prélevé à Tréguennec je l'ai conservé en collection et M.Buord m'a confirmé qu'il n'y avait pas trop de doute à avoir sur le fait qu'il s'agisse bien d'un montanus, en revanche c'est vrai que le site n'est pas très élevé puisque l'altitude y est d'environ 5 mètres au dessus du niveau de la mer! Par ailleurs je viens de trouver une belle population de montanus (j'ai pu les repérer grâce au chant et j'ai prélevé un couple donc aucun doute pour l'identification) hier à l'étang de Poulguidou en UU91, c'est moins surprenant puisque la carte ci-dessus montre qu'il y a au moins une donnée ancienne sur la maille, cependant l'altitude n'est pas vraiment élevée non plus (environ 60 mètres). A noter que le site présente de belles landes humides et des zones un peu tourbeuses mais aucun montanus présent dans ces biotopes, ils étaient tous dans une prairie humide similaire à celle de la population de St avé.
Je te fais confiance. Mais tout cela change vraiment la donne ! Je ne sais pas trop quoi penser de ces données étonnantes. Il y aurait donc des populations excentrées à rechercher. On découvre encore de belles choses qui bousculent nos "certitudes". En tous cas, les abords de l’étang de Poulguinou ont l'air vraiment sympas en vue aérienne.
Michel
Douglas F
Date d'inscription : 25/06/2014 Age : 24 Localisation : Goven
Je pense aussi avoir vue un mâle et une femelle de C.Montanus dans la mailles XU23 dans une prairie humide au bord du plan d'eau de la Cantache, mais comme je ne l'ai pas prit en photos pour vérifier je ne transmettrais pas la donnée.
yannickH
Date d'inscription : 02/03/2014 Age : 39 Localisation : St Avé
J'ai trouvé des femelles de C. Montanus sur Le Lanquo, à St Avé. Par temps ensoleillé, j'avais remarqué que les mâles C. Montanus se mettaient à chanter quand leur zone passait à l'ombre, au moment où les autres espèces comme C. Parallelus se taisaient. Aujourd'hui par temps couvert et plus frais, je n'ai vu et entendu pratiquement que des C. Montanus et bingo, j'ai enfin vu des femelles. Chose qui m'a frappé, les valves de leur oviscapte n'étaient pas sorties et proéminentes. En Fait, elles ne les sortaient que quelques secondes, puis le reste du temps elles étaient rentrées. Avez vous remarqué cela sur les femelles que vous avez pu observer ? Autre point, des gens du coin m'ont dit que le reste de l'année la prairie était gorgée d'eau. Tellement gorgée que parfois l'eau débordait sur la route d'à côté.
Dernière édition par yannickH le Dim 4 Sep 2016 - 21:14, édité 2 fois
Oui bizarre comme vous dîtes... En fait, la femelle dans ma vidéo avec le mâle C. Montanus n'est pas une C. Parallelus. Les valves de son oviscapte sont rentrées, mais ses ailes ont la longueur de celles d'une femelle C. Montanus. Je me suis rendu compte que c'est le même insecte que j'ai photographié 2 jours plus tard. En vu de profil, on voit bien que les tegmina ont la longueur d'une femelle de C. Montanus et sont trop longs et allongés pour être ceux d'une femelle C. Parallelus.
Comparé aux tegmina des femelles C. Montanus de la galerie du Mondes Des Insectes et de ce topic, les tegmina des femelles de St Avé ont un lobe basal plus prononcé et reculé. J'ai fait un montage avec les tegmina des 2 femelles que j'ai photographié à St Avé. En fait, pour les ailes, on dirait un mix de la longueur et l'allongement de C. Montanus avec le lobe basale prononcé de C. Parallelus.
Donc, on a une population très excentrée et proche du littoral. Des mâles qui chantent comme des C. Montanus et des femelles qui ont des valves de l'oviscapte rentrées, mais qui peuvent parfois les sortir pendant environ une ou deux secondes (d'après ce que j'ai pu observer) avec des tegmina allongés, de la longueur de C. Montanus, mais avec un lobe basal plus prononcé et reculé... Bizarre.
thibault29
Date d'inscription : 26/01/2013 Age : 25 Localisation : audierne
Les sites où j'ai trouvé montanus près de chez moi ont aussi la particularité d'être inondés de l'hiver au printemps, si les autres sites où il est présent ont la même particularité c'est peut-être ça qui conditionne en grande partie sa présence ou non.
Je me pose la question suivante : est-ce qu'une femelle, dans certaines situations (excitation, ponte proche) ne ressort pas ses valves par à coup ? J'ai par exemple parfois vu des femelles albomarginatus avec l'arrière-train déformé ! Est-ce que ça ne pourrait pas ici être une femelle de parallelus ? Je trouve ses valves de forme étrange et ses tegmina un peu aigu aussi... Je n'ai pas la réponse. Le mystère reste entier...
yannickH
Date d'inscription : 02/03/2014 Age : 39 Localisation : St Avé
Peut être. Franchement là, je ne sais plus quoi en penser. C'est vrai, il ne faut pas oublier que les valves sont des pièces mobiles. Après avoir cherché pendant plusieurs jours, je crois que je peux affirmer qu'il n'y a pas de femelles typiques de C. Montanus sur le site. C'est à dire avec les ailes suffisamment allongées et les valves de l'oviscapte allongées et proéminentes EN PERMANENCE. Aujourd'hui, j'ai cru que j'en avais trouvé une. Les valves de l'oviscapte étaient allongées et proéminentes, sans va et vient et 13 minutes après, la femelle les a rentré... Et je ne l'ai pas vu les ressortir. Sur cette femelle, je trouve que l'ouverture du bout de l'abdomen pour faire sortir les valves est forcée. Qu'il y a un écartement pour faire sortir les valves. Peut être comme le dit Michel Riou plus haut, une conséquence de l'excitation ou d'une ponte proche. Le bout de l'abdomen d'une femelle C. Montanus n'a pas cet aspect d'ouverture forcée. De plus, je trouve que les tegmina sont trop courts. En photo ci dessous : Position au départ... puis 13 minutes après.
Autre élément que j'avais remarqué et que j'ai enfin pu illustrer de manière à peu près satisfaisante. Arrêtez moi si je me trompe, mais ce mâle qui chante à la manière de C. Montanus, il a des ailes de C. Parallelus non ??? Et j'ai bien l'impression que c'est le cas de tous les mâles du site qui chantent comme C. Montanus. En suivant la Clef de détermination des CHORTHIPPUS et EUCHORTHIPPUS de Bretagne, j'ai mis des repères là où devrait arriver les ailes postérieures et le stigma d'un C. Montanus.
Franchement, je ne sais pas quoi conclure de toutes ces observations. Est ce que sous bino il y aurait des critères déterminants qu'on ne peut pas déceler avec des observations sur place, des photos et des enregistrement de chants ?
yannickH
Date d'inscription : 02/03/2014 Age : 39 Localisation : St Avé
J'ai prospecté à 600 m du site de Le Lanquo, en aval du même ruisseau. Un biotope similaire avec des prairie humides et des mares. Dans une prairie en pente, il y a des chants de C. Montanus et quelques chants de C. Parallelus dans la partie basse très ombragée, où il y a beaucoup d'humidité, avec de la rosée. En revanche, dans la partie haute, plus ensoleillée et plus sèche, seulement des chants de C. Parallelus. Comme sur le site de Le Lanquo, les mâles qui ont un chant de C. Montanus ont des ailes de C. Parallelus. Pour les femelles, je n'en ai vu qu'avec des ailes très courtes et des valves de l'oviscapte courtes.
Il ne faut pas oublier non plus que le chant de parallelus peut -être très variable, très rapide à très lent selon le temps, la couverture nuageuse. C'est pour cela aussi que je préfère ne pas retenir que le seul critère du chant. Michel