Phalangium opilio et Mitopus morio se ressemblent beaucoup. Comme pour les araignées (bien que cela puisse être pire pour ces dernières étant donné le nombre d'espèces et la complexité de certains groupes), déterminer les Opilions sur clichés reste toujours très délicat. Néanmoins, certaines espèces et certains clichés apportent parfois des éléments suffisants pour avoir une idée précise de la famille, du genre et même de l'espèce.
Pour séparer Phalangium opilio de Mitopus morio : ocularium (excroissance du céphalothorax qui porte les yeux) plus large, plus épais, plus épineux chez P. opilio et à l'inverse plus étroit chez M. morio. L'ocularium semble s'écarter dans sa partie supérieure chez P. opilio et l'inverse chez M. morio. Les pattes sont généralement plus grêles, plus longues et peu carénées chez P. opilio, mais aussi souvent très épineuses. Chez M. morio elles sont un peu plus courtes, carénées (plus arrondies chez P. opilio) et moins épineuses, souvent presque lisses. Le corps paraît plus segmenté chez P. opilio (les articulations sont plus marquées, plus visibles) que chez M. morio. La selle (la longue tache abdominale sur la face dorsale) se poursuit distinctement sur le céphalothorax chez M. morio et semble souvent moins marquée dans cette zone chez P. opilio (ce n'est pas un caractère fixe, mais c'est assez fréquent). Les pédipalpes sont souvent plus fins et plus longs chez P. opilio (particulièrement chez le mâle) et plus épais chez M. morio avec des apophyses interne souvent un peu plus marquées chez cette dernière. Le mâle de P. opilio possède des apohyses au niveau des chélicères, un peu en forme de sabre (elles sont plus ou moins développées). Enfin, un caractère important : deux petits tubercules (comme deux petites dents) sont visibles au niveau des lamelles supra-chélicérales chez P. opilio (juste devant la partie antérieure du céphalothorax, ces tubercules sont réunis au centre). La selle est parfois un peu différente chez les deux espèces mais tellement variable que j'ai des difficultés à l'utiliser avec certitude. cependant, s'il y a des robes également très variables chez les deux espèces, il y a parfois des colorations typiques qui ne trompent pas, notamment chez le mâle de P. opilio.
Il est évident que certains caractères ne sont pas toujours très stables ou totalement objectifs mais ils peuvent aider à donner une direction vers telle ou telle espèce. Je préfère toujours les caractères bien tranchés : les tubercules des lamelles supra-chélicérales, la forme de l'ocularium, les apophyses ou les épines des pattes...
Concernant votre spécimen : ocularium épais, pattes longues et fines, sans carène marquée, pédipalpes longs et fins, selle plus claire sur la partie antérieure du corps (au niveau du céphalothorax), segments du corps bien marquées... Je n'observe rien qui semble contredire le fait que ce soit un P. opilio.
Emmanuel