La flore armoricaine est riche en espèces endémiques et semi-endémique, il s'agit dans le premier cas d'espèces que l'on ne rencontre nul part ailleurs dans le monde, dans le second cas ce sont des espèces aux aires de répartition disjointes ou plus larges que les limites administratives de la région Bretagne.
Le plus célèbre végétal endémique est certainement le narcisse des Glénan, (sans "s") certainement car il s'agit d'une plante particulièrement spectaculaire, pourtant, l'origine, le rang taxonomique et l’endémisme réel de celle-ci sont très controversés.
Le foyer d'endémisme le plus important sont les pelouses aerohalines, en effet, on y rencontre, entre autres des espèces à priori "banales" (carotte commune, genêt des teinturiers etc...) qui se sont adaptées à ce milieu et ont donné naissance a des "accommodats", des formes spécialisée aux milieux très contraignants que représentent les hauts de falaise.
Quelques exemples :
La carotte de Gadeceau, est une sous-espèce de la carotte commune. Elle s'en différencie principalement avec un port nain, prostré, un feuillage luisant, des inflorescence courtes et d'autres détails. Décrite à Belle-Ile-en-mer des pelouses aerohalines de la côte sauvage, on sait aujourd’hui que la plante est également présente sur d'autres iles, ilots et presque îles bretonnes (Houat, Hoëdic, Quiberon, Crozon, Groix ect...) mais aussi curieusement sur quelques falaises très exposées aux embruns du pays Basque où elle est cependant rarissime.
carotte de Gadeceau
Une autre plante, le plantain caréné, espèce déjà rare et possédant une aire de répartition très inégale en Europe, détient un taxon endémique de Bretagne, le plantain caréné du littoral, très différent de la mauvaise herbe bien connue de nos jardins. Celui-ci ne se rencontre que dans quelques stations principalement morbihannaise, au niveau des bas de falaise très exposés à la houle.
plantain caréné du littoral
Certains de ces accommodats sont très douteux comme l'aubépine maritime, variété de l'aubépine commune, naine et prostrée, que l'on ne rencontre que dans les îles morbihannaise et le Finistère nord. Mais qui va, contrairement aux espèces citées précédemment, en culture, perdre ses caractéristiques dés la deuxième génération, pour redevenir l'arbuste épineux que nous connaissons.
D'autres variétés, peut être également endémiques, sont à découvrir, comme cette saladelle ou lavande de mer particulièrement naine que j'ai rencontré à Belle-île-en-mer, sur les hauts de falaise dénudés de la côte sauvage :
limonium dodartii
Mais toutes les endémiques ne sont pas des micro-taxons, on parle alors d'endémisme ancien, comme cette autre saladelle, le Limonium à feuilles ovales de France, que l'on rencontre dans les vasières, et qui est endémique franco-ibérique.
Limonium à feuilles ovales
Ou encore cette petite graminée, la fétuque de Huon, endémique des pelouses insulaires bretonnes
festuca huonii
L'oseille des rochers est endémique des îles bretonnes anglo-normandes, mais de toutes les espèces citées ici, il s'agit de la plus rare, tant ses populations sont pauvres, deux ou trois pieds dans chaque stations, dont les plus belles sont à Quiberon.
oseille des rochers
Le célèbre chardon vivipare est une endémique franco-ibérique, connue d'une unique station en Bretagne à ce jour (gérée par Bretagne vivante), contre 45 au début du 19ème, on la rencontre dans les pelouses inondables.
chardon vivipare
Enfin la bourrache du littoral, espèce annuelle spéciale à la France occidentale (littoral atlantique) est devenue une grande rareté avec la surfréquentation des plages, on ne la rencontre plus que dans des sorties de terriers de lapins, les plus belles populaitions connues sont situées aux îles Glénan, Houat et Hoëdic.
bourrache du littoral
A bientôt,
Fabien