[Epacromius tergestinus] Le Criquet des salines vient d'être découvert dans le Morbihan

Bonjour à tous
Le Criquet des salines (Epacromius tergestinus) vient d'être découvert dans le Morbihan, près d'Auray.
L'espèce y avait déjà été mentionnée par le passé, mais la donnée était étonnamment précoce (juin 1883).
L'individu a été collecté et conservé au muséum d'histoire naturelle de Paris, ce serait à vérifier...
Voici un lien pour voir à quoi ressemble l'espèce : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/66217
En gros, c'est une espèce proche des Aïolopes mais ses tegminas ne sont pas maculés de sombre et ses tibias ne sont jamais rouges.
Elle a une coloration assez uniforme, avec un aspect allongé.
On la rencontre, comme son nom l'indique, dans les salines et les vasières des rias.

(retrait d'un critère pas assez net)
Pour ce que j'ai observé (à voir si c'est aussi le cas ici), on le trouve au niveau des secteurs à obione, mais en dehors des grands tapis denses : il a besoin de sol nu au moins en limite de marée haute

Très belle surprise pour cette espèce très menacée que j'ai pu voir il y a pas mal d'années en Charente-Maritime. J'ai eu la chance également d'observer son cousin proche, encore plus menacé sur les bords de la Durance. Epacromius tergestinus ponticus

Quelques infos complémentaires sur cette découverte d'Epacromius du côté de Pluneret le 16 août avec Paolo Parsy qui m'accompagnait
Je les ai trouvé dans l'obione dans une zone imergeable par l'eau de la rivière du Bono, très peu vifs, sautent et s'engouffrent dans les quelques centimètres d'épaisseurs d'obiones, très facile à attraper donc.
A rechercher plutôt dans ce genre de milieu de vase avec de l'obione.

Avant de me lancer à leur recherche ailleurs, je voulais voir le site. J'y ai vu au moins 5 individus, en fin de marée montante. Ils étaient en limite haute de la zone à obione (surtout les derniers : l'eau montait encore), mais plutôt dans le secteur où le tapis est moins homogène (mais plus que ce que j'avais noté ailleurs). J'en ai eu un qui a sauté à l'eau, puis qui est resté 2 minutes aux 2/3 immergé posé sur une feuille, avant de revenir sur le tapis non inondé.
Je dirais que les grandes marées sont la bonne occasion de le chercher, en fin de marée montante. Vu le comportement, il est très probable qu'ils montent avec le flux. Avoir une largeur en obione de plus de 10 m pourrait être un repère pour les recherches.

Recherche infructueuse en Baie de Plouharnel aujourd'hui. Quelques faux espoirs avec Aiolopus thalassinus... Parfois les tibias sont à peine rouge. Le motif des tegminas semble le point le plus facile et fiable pour la détermination des formes brunes

Je suis allé dans le Morbihan, hier.
Le site est vraiment petit, et je n'ai pas vu de milieux intéressants sur la côte est du golfe (mais je ne connais pas bien ce secteur et je n'ai pas tout visiter, loin de là)).
Je pense qu'il faudrait éviter de piétiner la zone.
En plus si j'ai bien compris c'est une espèce peu dynamique, qui s'économise en attendant la fin des marées hautes.
À trop fréquenter le site, on risquerait de les stresser ou même de les écraser.
Comme le dit Ronan, il faudrait maintenant rechercher les tapis d'obione susceptibles d'abriter des populations.

Je suis d'accord qu'il faut éviter le surpiétinement.
Après, je reste persuadé que les tapis trop continus et trop denses d'obione sont moins favorables que les mosaïques avec du sol nu. C'était le cas sur ce que j'avais vu, c'est aussi le cas, de façon moins marqué ici : les individus sont surtout au niveau de la partie plus piétinée, se réfugiant sur des supports exposés aux plus hautes marées.
Et en baie de Plouharnel, le tapis d'obione est très continu, et mêlé de salicornes et de soude. Une bonne partie est aussi peu favorable car c'est la spartine qui domine.

Aujourd'hui, j'ai effectué plusieurs recherches spécifiques à l'espèce le long de la rivière du Bono entre Pluneret et Le Bono et de chaque côté de celle-ci. J'y ai découvert 2 femelles d'Epacromius t. tergestinus sur Plougoumelen dans des prés salés denses en bordure du haut schorre. Il y avait un beau tapis d'Obione picté d'Aster maritime et quelques patchs de Spartine. J'ai observé les deux individus toujours à côté de pieds d'Aster maritime. Aiolopus thalassinus est également présent le long de la rivière du Bono (attention aux confusions). Je tiens à appuyer et confirmer ce que Ronan précise dans un post plus haut, par rapport à la variation du rouge sur les tibias qui ne se voit pratiquement pas. Le meilleur critère reste le contraste des tegminas.
Bonne prospection !

Jean, est-ce que tu aurais une photo du milieu ? Est-ce que c'est proche de l'autre site à proximité ?

En Vendée, j'avais cette ambiance, avec en remontant une transition vers une dune, caractérisée par une lavande de mer

Donc obione, mais pas que (il faudrait que je vérifie la partie inférieure, il me semble qu'il y a plus d'obione), et souvent les individus sur la partie nue à droite de l'image

Désolé, je me glisse dans votre échange  
Superbe découverte !
Ça élargit le milieu de vie de l'espèce et ça sous-entend qu'il y a plus d'individus que ce qui avait été découvert dans cette zone.
Je pense que la baie de St-Jean à Crac'h, la baie de Kerdréan à Baden et aussi la vasière du Bisconte à Plouhinec (entre autres) pourraient héberger des populations.
Ce serait à vérifier en tout cas  
(Comme Ronan, j'aimerais bien voir des photos de milieu, au moins de l'aspect du micro-milieu).
D'après (Defaut & Morichon, 2015) en élevage, l'espèce se nourrit préférentiellement de l'Aster maritime et de la Lavande de mer, même si elle peut consommer d'autres plantes.

Mon observation d'hier a été faite à moins d'un kilomètre de la découverte du 16 août. C'est de l'autre côté de la rivière. J'ai une photo d'ensemble de la zone et non précise aux micro-habitats désolé... il y avait de la lavande de mer et plusieurs pieds d'Aster maritime mais très peu de zone sans végétation.

Je glisse ici un doc assez complet que j'avais depuis un moment sur l'espèce : https://www.researchgate.net/publication/319205546_Contribution_a_la_connaissance_de_l'ecologie_d'Epacromius_tergestinus_tergestinus_Charpentier_1825_le_criquet_des_salines_sur_les_pres_sales_de_la_Reserve_naturelle_de_Moeze-Oleron

Ça peut aider à planifier ses recherches !